Les médias internationaux nous bousculent, les antennes paraboliques, et diaboliques selon certains, envahissent les toits dans les endroits les plus reculés du pays, villages sans signes extérieurs d’organisation urbaine ont l’antenne qu’un fils travaillant à l’étranger a ramené – Antennes fixes ou mobiles, une dizaine de chaînes est à portée de la main, et on zappe pour tout voir sans rien voir de bout en bout: tous les continents sont présents, ils entrent chez vous, si vite, sans votre permission, femmes, hommes, jeunes filles, enfants, trouvent chacun des sujets d’intérêt et des moments de détente.
– Les sujets les plus tabous sont abordés, les dossiers les plus délicats, les plus sensibles parce que touchant à la religion, au sexe, aux relations familiales sont décortiqués. Les auditeurs écoutent, mais nul ne peut savoir quelle est l’impact de l’information sur chacun. Les jeunes encaissent ou absorbent, admirent ou rejettent, leur opinion reste dans le non-dit, car tous ont l’impression que cela vient d’ailleurs, qu’on ne peut en parler sans choquer les convenances. Souvent, parmi les jeunes, des situations qu’on imaginait appartenir à l’outre-mer, se rencontrent chez nous. Traitées par le mépris, elles vont aller s’enfoncer et pourrir avec le reste des frustrations héréditaires.
Les dossiers traités par les médias occidentaux, en présence de techniciens, de spécialistes, d’éducateurs, de sociologues, d’économistes et d’un public de jeunes et de moins jeunes font simplement émerger les problèmes de la société, de l’Etre humain, de l’évolution de l’Homme, du bien et du mal…
Plusieurs opinions sont émises; pour ou contre, naïves, ou bizarres, sages ou folles; on s’oppose, on s’accorde etc… et les pauvres jeunes du Tiers Monde bavent devant ces dossiers qui leur paraissent refléter et symboliser la liberté d’expression.
-Toutes les bizarreries semblent porter l’auréole de la liberté et de la reconnaissance des principes des Droits de l’Homme aux yeux des tiers-mondistes. Certains tiers mondistes s’ennuient à mourir d’être sages comme des images, d’être inertes, de paraitre inodores, incolores, sans saveur.De plus en plus les médias audiovisuelles vont envahir le monde, les Etats dirigeants n’y pourront rien, puisque, m’a-t-on affirmé, que d’ici l’an 2000 les satellites rayonneront sur la terre entière. Ainsi malgré nous, ou avec notre consentement, nous serons appelés à suivre la cadence, le rythme.
– Pour tourner le dos aux médias, comme veulent bien l’affirmer certains: “il ne suffira plus d’appuyer sur un bouton pour empêcher mes enfants de regarder ailleurs que dans son identité arabo-musulmane!!”. Trop simpliste comme raisonnement! Et si au contraire on préparait nos jeunes à la réflexion, à la réplique, à la critique. Si on affirmait leur personnalité par la diversité des points de vue, par la liberté d’expression, par l’effort vers la maturation. Si on favorisait au cours de réunions scolaires, universitaires, dans le milieu professionnel, à connaître les autres civilisations, à les comprendre, et à au moins chercher à savoir quel est l’ogre qui s’apprête à nous croquer: l’Asie, l’Amérique, l’Europe?
-Je ne crois pas au duel: avec Dieu contre l’argent – ni avec l’argent contre Dieu – Je pense que les vrais problèmes qui vont se poser à la petite Tunisie: Avec le travail viendra l’argent.
Dieu lui-même a associé le bonheur avec l’argent et les enfants. La France expose quotidiennement ses problèmes de chômage, de grève, de récession. Les Etats-Unis, de leurs dettes financières; l’Europe, de ses angoisses, pourrons-nous arrêter dans nos médias de répéter que chez nous tout est bien dans le meilleur des mondes possibles. Les étudiants en France prennent leurs cours, par terre, tout est bouché trop peu de débouchés. Que dire d’un pays comme la Tunisie, jeune de trente huit ans.
Pourquoi omettre de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité à nos jeunes qui sont, après tout, bien mieux lotis que les petits Bosniaques, les jeunes Palestiniens et le reste des enfants du Tiers-Monde?
– On peut se poser la question, nos enfants sont-ils plus exigeants parce qu’ils n’ont pas connu comme leurs parents, l’ardeur du travail, et la lutte pour la survie?