Nous sommes parmi vous, ouvrières employées, femmes au foyer, cadres, vous nous côtoyez, vous vous liez d’amitié avec nous..en fait nous sommes-comme tout le monde , jusqu’à ce que vous appreniez que nous sommes les filles de Bourguiba, pour certains d’entre vous, nous ne sommes que des bâtardes, des filles du péché – et certains nous évitent, et nous condamnent alors que nous sommes innocentes du péché qui nous est reproché.
Nous, filles de Bourguiba sommes reconnaissantes pour l’éternité au père qui a légitimé notre droit à la vie en société , qui nous a donné le droit à un nom, le droit à une nationalité, le droit à une carte d’identité nationale, à une existence civique et à une mort digne. Il nous a pêché de la rue, a créé des institutions, nous a encadrées par des médecins, psychologues, assistantes sociales. L’institution vaut ce qu’elle vaut, n’empêche qu’elle est notre seul foyer, notre seul refuge. Il a pourvu à notre insertion sociale. Bourguiba est notre père, la Tunisie est notre mère. ·
Nous, filles de Bourguiba, nous nous savons en danger de discrimination et de mort civile si un état islamique s’instaure dans le pays; c’est pour cela que nous soutenons la société civile et le Président Ben Ali garant de la Constitution.
Nous, filles de Bourguiba, qui avons été adoptées par des familles, qui avons trouvé l’amour de parents adoptifs, qui donnons de l’amour à un couple sans enfants, qui introduisons la joie dans une famille triste, qui avons eu la chance d’être soustraites au vide et à la rue, n’oublions jamais l’ œuvre du père qui nous a imposées à la société, Nous sommes des milliers attachées à la société civile, et nous nous rangeons derrière le Président de la République, M. Ben Ali, car un état islamique signerait notre arrêt de mort.
Nous, filles de Bourguiba, veuves et mères d’orphelins, nous réitérons notre reconnaissance à Bourguiba qui a fait de nous les tutrices légales de nos enfants mineurs qui ont perdu leurs pères, et qui nous a débarrassées des cousins et des oncles mâles pour la gestion des biens de nos propres enfants; souvent nous n’avons jamais vu ces parents éloignés, souvent nos maris les détestaient. De quel droit Viendraient-ils? s’ingérer dans notre vie privée.
Alors, nous déclarons notre attachement à la société civile et nous refusons un état islamique qui viendrait nous spolier de nos droits, en nous imposant la chariâ.
Nous, filles de Bourguiba, ne supportons plus la possibilité de partager nos maris avec d’autres femmes, nous ne pouvons plus nous faire à une portion du coeur de nos maris puisque nous investissons tout en eux en lâchant nos pères.
Nous, filles de Bourguiba, nous refusons, de porter des enfants comme des lapines, nous sommes pour la réglementation libre des naissances, et donc notre droit à l’avortement.
Nous, filles de Bourguiba, ouvrières, coiffeuses, médecins, employées, aviatrices, nous voulons continuer à travailler de jour comme de nuit, pour améliorer notre condition matérielle ; et pour pouvoir faire faire à nos enfants des études poussées
C’est pour cela que nous soutenons le Président Ben Ali, garant de la société civile, et nous nous déclarons prêtes à lutter contre ceux qui veulent nous imposer un état islamique. Nous avons peur de certains “purs” – Alain a dit: “la pureté est un autre nom de la névrose”.
Nous sommes des millions de femmes à veiller sur notre Code du statut personnel, qui appartient à sept millions et demi de Tunisiens. Nous sommes filles, épouses, mères et soeurs et, à nous toutes, nous devons convaincre nos hommes qu’ils se dégraderaient en voulant faire de la femme une esclave – certaines femmes prétendent que l’évolution de la femme est l’oeuvre de Tahar Haddad . Certes il l’a imaginée, mais c’est la volonté politique d’un homme qui l’a réalisé. Qu’elles réclament donc l’égalité de l’homme et de la femme en matière d’héritage pour voir!
Quant à moi, je ne suis pas d’accord pour qu’on enlève les mots “obéissance à l’ époux” du Code du statut personnel et qu’on le change par le mot respect. Je suis une femme de terrain et les propositions issues de salon autour de petit s fours et de tasses de thé ne m’engagent pas. Les lois doivent tenir compte de la paysanne analphabète et de l’ouvrière de la capitale, désorientée. Le respect dans les milieux intellectuels et favorisés s’impose de lui-même.