La Technologie progresse et s’introduit dans notre pays à pas feutrés, mais sûrement. Tant mieux, tant mieux, si elle s’étalait partout sur tout le territoire national.
Mais .. alors que la technologie s’infiltre dans nos mœurs, notre légis lateur compte les étoiles et scrute le ciel pour essayer de voir le croissant de lune (si ce n’est pas malheureux! d’avoir fait un bond en arrière, alors que les historiens nous rapportent que Haroun El Rachid avait envoyé en cadeau une montre à Charlemagne et que celui-ci s’effraya de son tic-tac).
Mon opinion est que la Tunisie de l’an 2000 ne devrait pas laisser au hasard les dates d’audiences au tribunal d’examens, d’ouvertures des administrations, des banques, les réservations… , alors que les occidentaux et les grands pays d’Asie planifient déjà pour la première décennie du 21ème siècle. Et dire que l’algèbre a été inventée par les Arabes!
En cette fin de siècle, nous assistons à chaque instant à une création nouvelle, du téléphone portatif et miniaturisé qui fonctionne avec une carte de crédit sur une distance indéterminée, à la montre parlante, fidèle amie du non-voyant…
La mode et la technologie souvent font route ensemble dans notre pays. Depuis quelques années nous assis tons à une nouvelle mode chez nous; je me demande si on ne peut pas la considérer comme une maladie, celle de la photo, appelons-la «la photoïte». En effet. A peine mettez-vous les pieds dans un colloque, un séminaire, un mariage, au restaurant, enfin une occasion publique ou privée, et à votre insu des photographes, des caméramen vous prennent en photo, dans toutes les attitudes, s’il vous plaît. Vous quittez la salle des manifestations culturelles, scientifiques ou autres, et vous vous trouvez en face d’une longue table ou sont exposées vos photos et celles des autres, proposées à la vente. Espèces de fiches anthropométrique où votre décolleté, sans problème en privé, votre gorge nue ayant pour seul parement vos bijoux, peuvent vous créer plein de tracas. Car en plus, messieurs les photographes s’ingénient à faire des mon tages à partir de votre portrait.
Alors des hommes peuvent libre ment acheter vos photos, des voleurs peuvent, sans être inquiétés, repérer vos bijoux, et des vicieux un peu émé chés termineront leurs soirées soli taires en compagnie de votre faciès soigné à volonté et de beaucoup d’autres. Ils auront ainsi leur maga zines du genre «Cm;mopolitan» et autres. De quel droit prendraient-ils des photos de vous en privé en public, sans votre consentement. De quel droit les mettent-ils à la vente sans avoir votre accord. Et que font-ils des invendues. Ils les brûlent? Vous l’avez vous-même constaté?
Le Droit au corps, le droit à l’inté grité physique, le droit à l’intimité… Tous ces droits ont été pensés et créés et figurent dans la Constitution tuni sienne, de même que dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Il y a donc des lois, des règlements qui veillent sur toute société, mais c’est à nous de nous défendre. Il faut se méfier du narcis sisme.
Permettez-moi de vous rapporter une histoire tragique et véridique sur les conséquences de ces prises de photos, illégales et abusives. Deux femmes, un lundi à leur retour de week-end, papotent à l’heure de pause devant leurs machines arrêtées, au bureau. L’une d’elles sort des photos, beaucoup d’hommes, beaucoup de femmes y figurent, autour d’une longue table, apparemment dressée pour des festivités. Des collègues de travail arrivent, curieuses de voir les belles robes, les belles coiffures, quand l’une d’elles s’écrie: «Ciel! mon mari!» et tombe dans les pommes.
On lui tapote les joues, ou la pince, on la mouille ! Elle se réveille, scrute bien les photos, recrie «Ciel! Mon mari», et s’évanouit à nouveau. Les filles, autour d’elle, font de leur mieux pour lui affirmer que c’est un sosie! que la fille accrochée à son cou n’est qu’un mannequin de paille! de cire! de chiffons! que sais-je!
De quels droits un photographe étale-t-il la vie privée des gens? Peut être que les gestionnaires des salles des fêtes ont la réponse. En tous cas, moi je n’en ai pas. Quand ce ne sont pas les tragédies de photos truquées qui vont jusqu’à défaire les liens conjugaux, à provoquer la violence, la suspicion, les dénonciations pour adultère, la jalousie!
C’est là qu’intervient le rôle du législateur, car la permissivité entraîne l’effondrement des valeurs. Le cours de Droit apprend aux étudiants que l’homme accomplit un acte juridique au moins cinquante fois par jour, que tout acte peut être sanction né positivement ou négativement.
Certaines personnes vont crier à la dictature! Non, c’est notre liberté et notre volonté qui nécessitent d’être défendues face à tout phénomène nouveau. Je vous fais grâce, mes dames et messieurs, des conséquences des bandes de cassettes vidéo qui peuvent faire de vous des super stars de films X à votre insu.