Le dictionnaire indique que ce mot vient de l’espagnol «matamoros» ou «Lueur de Maures», personnage de la comédie espagnole qui se vantait à tout propos de ses exploits contre les Maures, c’est-à dire les Arabes.
De nos jours, cette appellation est donnée aux faux braves. Elle me parait s’appliquer à M. Bush et à sa suite. A ce propos, je n’ai pu retenir une larme quand j’entendis M. Mitterrand répéter, dans sa conférence de presse: «M. Baker m’a dit… j’ai téléphoné à M. Baker… ». Je me remémorais la grandeur du Général De Gaulle qui faisait vibrer la terre en criant: «La France !». Quand, à Phnom Penh, il condamna superbement et fermement l’agression américaine contre le Vietnam, il montra au monde entier son respect des valeurs et des libertés, méprisant les Yankees et leur veau d’or.
Oui, il faut le reconnaître: rien n’est plus comme avant. Ri
M. Mitterrand semble totalement écrasé par la suprématie technologique des USA. Feu M. Kroutchev regardait de haut les USA, et voilà que M. Gorbatchev, sous couverture de démocratie, prélude à la mendicité, laisse faire.
Les matamores ont oublié qu’ «à vaincre sans péril on triomphe sans gloire». Ils se sont mis à tous contre un. Les matamores de la démocratie ont recours aux défauts qu’ils traquent et condamnent dans les pays du Tiers Monde, financés par eux, la dictature qui y règne. Ils usent de la désinformation, de la toxi- information et, tenez- vous bien, ils mentent à leur opinion publique: une guerre propre, qui « soulage » Mme Simone Veil, ex-ministre, rescapée d’Aushwitz, qui exprimait sa joi e dans l’ émission d’Antenne 2 «envoyé spécial », sachant qu’un tonnage de bombes égal à une fois et demie celui d’Hiroshima avait été largué sur la capitale, Baghdad, dès le deuxième jour.
Les matamores ont parlé d’une «guerre éclair » pour anéantir les Irakiens, dont la lutte est celle du Monde pauvre, du Monde musulman, du Monde arabe, de l’Ethiopie au Pérou, des Philippines au Maroc.
Ce sont les enfants de Bombay, de Colombie, du Niger, de Palestine, qui meurent de faim, de maladie, tués par la drogue ou par l’arme des Israéliens, qui interpellent les enfants trop bien nourris des USA et de France. Ils leur donnent rendez-vous pour l’an 2000. Que sera la face du Monde?
Je me souviens d’un thème traité par un éminent professeur de psychophysiologie, M. Bouaziz. Il s’agissait de comparer l’ordinateur le plus perfectionné avec le cerveau humain et le système nerveux central. Il avait fait remarquer entre autres que l’ordinateur ne pouvait rien contre l’émotion, facteur humain imprévisible, quand bien même toutes les données seraient analysées et traitées.
li y a un poil qu’enraye la technologie des matamores, celui que nous connaissons tous, nous Musulmans, le poil du «Seigneur Ali». Quand le muezzin appelle à la prière, du Machrek au Maghreb, même si nous ne courons pas tous aux mosquées, il y a une fraction de seconde où le cœur d’un milliard de Musulmans bat à l ‘unisson. Certes, il y a les brebis galeuses, il y a les retardataires, mais les matamores ont ton de ne compter que sur eux.
Les tueurs de Maures refusent de comprendr e que ceux- là ne craignent pas la mort , qu’ils sont très conscients de la suprématie militaire des Occidentaux . Ils s’offrent par millions comme chair à canon, pourvu qu’ils entraînent avec eux les mercenaires occidentaux. L ‘injustice du Monde occidental est devenue si grande, l’ insolence des puissants si intolérable, l’injure à la race si courante, que les Maures optent pour la mort digne.
Les matamores parlent de la Convention de Genève relative aux prisonniers de guerre, occidentaux cela va de soi, et ignorent celle sur le bombardement des villes. Décidément, ils n’ont rien compris! Et tous les maux viennent de leur attitude : à deux poids deux mesures.
Quant à moi, ils m’écoeurent quand je les entends parler non plus de leurs morts, de leurs blessés et de la souffrance, mais de l’impact de la guerre sur le prix du baril. C’est ce que vaut désormais l ‘être humain pour les Démocraties qui se prétendent très civilisées!
Je soutiens M. Saddam Hussein depuis le 2 août. Il aura eu le mérite, quelle que soit l ‘issue de la guerre, d’avoir semé le grain de la prise de conscience dans le Golfe chez les masses régies par les monarchies… (rectangle blanc! coupez!).
Je voudrais lui offrir ce vers de Phèdre: «Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue». Il est vrai que nous rougissons de fierté et que nous pâlissons par crainte pour lui. Il est évident que j’effectuerai mon prochain pélerinage à Bagdad, Lieu Saint de l’Islam. Faisons le voeu que Babylone ne connaisse pas le sort de Carthage.
Les matamores nous reprochent d’être des sentimentaux, des rêveurs, des poètes. Hélas, même cela on nous l’interdit, la guerre des étoiles faisant rage. Il est si aisé de se cacher derrière les armes! Hélas, le temps des duels est révolu : le Grand Saddam dirait à Bush: «A moi, Bush, deux mots!».
Attendons la suite… du corps à corps.