Skip to content

Emna Dakhlaoui

Qui ne dit mot consent

Menu
  • À propos de
  • Blog
  • Contact
  • Manifesto
  • Page d’exemple
Menu

Ciel ! Mon mari….

Posted on 20 April 202123 May 2021 by admin6303

La Technologie progresse et s’introduit dans notre pays à pas feutrés,   mais sûrement.  Tant mieux, tant mieux, si elle s’étalait partout sur tout le territoire national.

Mais  .. alors    que    la  technologie s’infiltre dans nos mœurs, notre légis­ lateur compte les étoiles et scrute le ciel pour essayer de voir le croissant de lune (si ce n’est pas malheureux! d’avoir fait un bond en arrière, alors que les historiens nous rapportent que Haroun El Rachid avait envoyé en cadeau une montre à Charlemagne et que celui-ci s’effraya de son tic-tac).

Mon opinion est que la Tunisie de l’an 2000 ne devrait pas laisser au hasard les dates d’audiences au tribu­nal d’examens, d’ouvertures des administrations, des banques, les réservations… , alors que les occiden­taux et les grands pays d’Asie plani­fient déjà pour la première décennie du 21ème siècle. Et dire que l’algèbre a été inventée par les Arabes!

En cette fin de siècle, nous assis­tons à chaque instant à une création nouvelle, du téléphone portatif et miniaturisé qui fonctionne avec une carte de crédit sur une distance indé­terminée, à la montre parlante, fidèle amie du non-voyant…

La mode et la technologie souvent font route ensemble dans notre pays. Depuis quelques années nous assis­ tons à une nouvelle mode chez nous; je me demande si on ne peut pas la considérer comme une maladie, celle de la photo, appelons-la «la photoïte». En effet. A peine mettez-vous les pieds dans un colloque, un séminaire, un mariage, au restaurant, enfin une occasion publique ou privée, et à votre insu des photographes, des caméramen vous prennent en photo, dans toutes les attitudes, s’il vous plaît. Vous quittez la salle des mani­festations culturelles, scientifiques ou autres, et vous vous trouvez en face d’une longue table ou sont  exposées vos photos et celles des autres,  proposées à la vente. Espèces de fiches anthropométrique où votre décolleté, sans problème en privé, votre gorge nue ayant pour seul parement vos bijoux,  peuvent  vous créer plein de tracas. Car en plus, messieurs les photographes s’ingénient à faire des mon­ tages à partir de votre portrait.

Alors des hommes peuvent libre­ ment acheter vos photos, des voleurs peuvent, sans être inquiétés, repérer vos bijoux, et des vicieux un peu émé­ chés termineront leurs soirées soli­ taires en compagnie de votre faciès soigné à volonté et de beaucoup d’autres. Ils auront ainsi leur maga­ zines du genre «Cm;mopolitan» et autres. De quel droit prendraient-ils des photos de vous en privé en public, sans votre consentement. De quel droit les mettent-ils à la vente sans avoir votre accord. Et que font-ils des invendues. Ils les brûlent? Vous l’avez vous-même constaté?

Le Droit au corps, le droit à l’inté­ grité physique, le droit à l’intimité… Tous ces droits ont été pensés et créés et figurent dans la Constitution tuni­ sienne, de même que dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Il y a donc des lois, des règlements qui veillent sur toute société, mais c’est à nous de nous défendre. Il faut se méfier du narcis­ sisme.

Permettez-moi de vous rapporter une histoire tragique et véridique sur les conséquences de ces prises de photos, illégales et abusives. Deux femmes, un lundi à leur retour de week-end, papotent à l’heure de pau­se devant leurs machines arrêtées, au bureau. L’une d’elles sort des photos, beaucoup d’hommes, beaucoup de femmes y figurent, autour d’une longue table, apparemment dressée pour des festivités. Des collègues de travail arrivent, curieuses de voir les belles robes, les belles coiffures, quand l’une d’elles s’écrie: «Ciel! mon mari!» et tombe dans les pommes.

On lui tapote les joues, ou la pin­ce, on la mouille ! Elle se réveille, scrute bien les photos, recrie «Ciel! Mon mari», et s’évanouit à nouveau. Les filles, autour d’elle, font de leur mieux  pour lui  affirmer  que c’est  un sosie! que la fille accrochée à son cou n’est qu’un mannequin de paille! de cire! de chiffons! que sais-je!

De quels droits un photographe étale-t-il la vie privée des gens? Peut­ être que les gestionnaires des salles des fêtes ont la réponse. En tous cas, moi je n’en ai pas. Quand ce ne sont pas les tragédies de photos truquées qui vont jusqu’à défaire les liens conjugaux, à provoquer la violence, la suspicion, les dénonciations pour adultère, la jalousie!

C’est là qu’intervient le rôle du législateur, car la permissivité entraî­ne l’effondrement des valeurs. Le cours de Droit apprend aux étudiants que l’homme accomplit un acte juri­dique au moins cinquante fois par jour, que tout acte peut être sanction­ né positivement ou négativement.

Certaines personnes vont crier à la dictature! Non, c’est notre liberté et notre volonté qui nécessitent d’être défendues face à tout phénomène nouveau. Je vous fais grâce, mes­ dames et messieurs, des consé­quences des bandes de cassettes vidéo qui peuvent faire de vous des super stars de films X à votre insu.

Leave a Reply Cancel reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Emna Dakhlaoui

Emna Dakhlaoui est ancienne magistrate et avocate près la Cour de cassation de Tunis. Pendant plusieurs années, elle a contribué en tant que journaliste au sein du journal Réalités. Ce site regroupe une grande partie de ses articles et tribunes.

 

©2025 Emna Dakhlaoui | Built using WordPress and Responsive Blogily theme by Superb