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Emna Dakhlaoui

Qui ne dit mot consent

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Les Matamores

Posted on 21 April 2021 by admin6303

Le dictionnaire indique que ce mot vient  de l’espagnol «matamoros» ou «Lueur de Maures», personnage de la comédie espagnole qui se vantait à tout propos de ses exploits contre les Maures, c’est-à­ dire les Arabes.

De nos jours, cette appel­lation est donnée aux faux braves. Elle me  parait s’appliquer à M. Bush  et  à sa suite. A ce propos, je n’ai pu retenir une larme quand j’entendis M. Mitterrand ré­péter, dans sa conférence de presse: «M. Baker m’a dit… j’ai téléphoné  à  M. Bak­er… ». Je me remémorais la grandeur du Général De Gaulle qui faisait vibrer la terre en criant: «La France !». Quand, à Phnom­ Penh, il condamna superbe­ment et fermement l’agression américaine con­tre le Vietnam, il montra au monde entier son respect des valeurs et des libertés, méprisant les Yankees et leur veau d’or.

Oui, il faut le reconnaître: rien n’est plus comme avant. Ri

M. Mitterrand semble to­talement écrasé par la suprématie technologique des USA. Feu M. Kroutchev regardait de haut  les  USA, et voilà que M.   Gorbatchev, sous couverture de démoc­ratie, prélude à la mendicité, laisse faire.

Les matamores ont oublié qu’ «à vaincre sans péril on triomphe sans gloire». Ils se sont mis à tous contre un. Les matamores de la dé­mocratie ont recours aux dé­fauts qu’ils traquent et con­damnent dans les pays du Tiers Monde, financés par eux, la dictature qui y  règne. Ils usent de la désinformation, de la toxi-­ information et, tenez- vous bien, ils mentent  à  leur opinion publique: une guerre propre, qui « soulage » Mme Simone Veil, ex-ministre, rescapée d’Aushwitz, qui exprimait sa joi e dans l’ émission d’Antenne  2  «envoyé  spécial », sachant qu’un tonnage de bombes égal à une fois et demie celui d’Hiroshima a­vait été largué sur la capi­tale, Baghdad, dès le deuxième jour.

Les matamores ont parlé d’une «guerre éclair » pour anéantir les Irakiens, dont la lutte est celle du Monde pauvre, du Monde musulman, du Monde  arabe,  de l’Ethiopie au Pérou, des Philippines au Maroc.   

Ce sont les enfants de Bombay, de Colombie, du Niger, de Palestine, qui meurent de faim, de maladie, tués par la drogue ou par l’arme des Israéliens, qui interpellent les enfants trop bien nourris des USA et de  France. Ils leur donnent rendez-vous pour l’an 2000. Que sera la face du Monde?

Je me souviens d’un thème traité par un éminent professeur de psychophysiologie, M. Bouaziz.  Il s’agissait de comparer l’ordinateur le plus perfec­tionné avec  le cerveau hu­main et le système nerveux central. Il avait fait remarquer entre autres que l’ordinateur ne pouvait rien contre l’émotion, facteur humain  imprévisible, quand bien même toutes les don­nées  seraient  analysées et traitées.

li y a un poil  qu’enraye la technologie des matamores, celui que nous connaissons tous, nous Musulmans, le poil du «Seigneur Ali». Quand le muezzin appelle à la prière,  du  Machrek  au Maghreb, même si nous ne courons pas tous aux mos­quées, il y a une fraction de seconde où le cœur d’un milliard de Musulmans bat à l ‘unisson. Certes, il y a les brebis galeuses,  il y a les re­tardataires, mais les matamores ont ton de ne compter que sur eux.

Les tueurs de Maures refu­sent de comprendr e que ceux- là ne craignent pas la mort , qu’ils sont très cons­cients de la suprématie militaire des Occidentaux . Ils s’offrent par millions comme chair à canon, pourvu qu’ils entraînent avec eux les mercenaires occidentaux. L ‘injustice du Monde occidental est devenue si grande, l’ insolence des puiss­ants si intolérable, l’injure à la race si courante, que les Maures optent pour  la mort digne.

Les matamores parlent de la Convention de Genève relative aux prisonniers de guerre, occidentaux  cela  va de soi, et ignorent celle sur le bombardement des  villes. Décidément, ils n’ont rien compris! Et  tous les maux viennent de leur attitude : à deux poids deux mesures.

Quant à moi, ils m’écoeurent quand je les en­tends parler non plus  de leurs morts, de leurs blessés et de la souffrance, mais de l’impact de la guerre sur le prix du baril. C’est ce que vaut désormais l ‘être hu­main pour les Démocraties qui se prétendent très civil­isées!

Je soutiens M. Saddam Hussein depuis le 2 août. Il aura eu le mérite, quelle que soit l ‘issue de la guerre, d’avoir semé le grain de la prise de conscience dans le Golfe chez les masses régies par les monarchies… (rec­tangle blanc! coupez!).

Je voudrais lui offrir ce vers de Phèdre: «Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue». Il est vrai que nous rougissons de fierté et que nous pâlissons par crainte pour lui. Il est évident que j’effectuerai mon prochain pélerinage  à  Bagdad, Lieu Saint de l’Islam. Faisons le voeu que Babylone ne con­naisse pas le sort de Carthage.

Les matamores nous re­prochent  d’être des sentimentaux, des rêveurs, des poètes.  Hélas, même cela on nous l’interdit, la guerre des étoiles faisant rage. Il est si aisé de se cacher derrière les armes! Hélas, le temps des duels est révolu : le  Grand Saddam dirait à Bush:  «A moi, Bush, deux mots!».

Attendons la suite… du corps à corps.

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Emna Dakhlaoui

Emna Dakhlaoui est ancienne magistrate et avocate près la Cour de cassation de Tunis. Pendant plusieurs années, elle a contribué en tant que journaliste au sein du journal Réalités. Ce site regroupe une grande partie de ses articles et tribunes.

 

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