Mon dieu, depuis quelques années, nous pauvres petits citoyens du Monde, sommes entourés de trop de sollicitude de la part des Grands. Nous sommes placés dans leur centre d’intérêt, et nous manquons d’étouffer. Nous n’avons pas, ou peut-être, ne savons que trop ce qui les motive pour nous harceler de principes généraux, trop généraux à notre goût. Qu’est-ce qui leur prend donc de nous accabler de distinctions qui nous échappent?
Mon Dieu tout puissant, protégez-nous des Démocrates, les Dictateurs, eux, ne nous étonnent plus.
Comme de enfants éblouis devant l’adresse, l’habileté et la rapidité des brasseurs de cartes qu’ils nomment magiciens, nous sommes là, petit peuple, la canaille disait Voltaire, hébétés devant la prolifération des droits dont nous chargent les puissants. Nous n’en voulions pas tant, nous ne les connaissons pas tous; nous ne les reconnaissons pas tous. Et pourtant, on veut nous les coller tous sur le dos? Pourquoi ne veulent-ils pas com prendre que c’est trop lourd poµr nous, pourquoi cherchent-ils à nous écraser, à nous faire toucher du doigt notre ignorance?
J’ai capitulé d’avance pour garantir ma paix, mon sommeil et décourager le zèle des missionnaires. S’ils pensent qu’ils sont en terrain conquis, j’ échapperai au supplice du bâton. Alors, je les laisse parler des Droits de l’homme, des Femmes, des Enfants, à la vie, aux rêves, à la libre expression, aux droits des journalistes, des partis de l’opposition, des Blancs, des Noirs, des Indiens, des émigrés, des intégristes, des homosexuels, des lesbiennes, des drogués, aux comptes courants des dirigeants du Tiers-Monde en Suisse ou ailleurs, remplis avec l’argent du citoyen, au droit d’envahir le Koweït, au droit d’exterminer les Kurdes, les Bosniaques, les Turcs, les Irlandais, au droit d’ingérence dans les pays prétendus souverains, au droit des agriculteurs de jeter des tonnes de pommes de terre sur le bitume et de passer les rouleaux compresseurs alors que les 3/4 de la population mondiale les mangeraient même pourries…
S’il y a cette multitude de droits dits sacro-saints par les Grands et que nous savons être ni sains, ni saints ni sacrés, s’ils sont cités et criés si forts et si fréquemment, on peut penser qu’il n’y a plus beaucoup de gens pour y croire. Un principe de Droit dit ceci: “Qui cherche à trop prouver ne prouve rien”.
Pauvres Russes qui ont perdu leurs repères; pauvres Arabes enchaînés par le mépris de certains de leurs chefs; pauvres Japonais s’écroulant sous l’idéologie du travail jusqu’à la mort, jusqu’à l’épuisement; pauvres Somaliens qui auraient dû manger leur chef avant de manger le riz de Bernard Kouchner, pauvres Algériens qui ne se décident pas encore à briser et l’enclume et le marteau … pauvres Américains que les tiers-mondistes envient et qui souffrent dans leur chair des fléaux de la drogue, du sida et de la violence.
Enfin, heureux qui comme certains chefs et financiers du monde entier se la coulent douce et qui de temps à autre, pour cacher leur ignorance de la philosophie, fabriquent des coups d’éclats, des démonstrations de force démesurées qui n’impressionnent plus les personnes habituées à la misère, et qui ne servent qu’à faire gagner quelques points dans les sondages, ou sur la scène internationale.
Démocrates ou Dictateurs, où est la différence pour le petit peuple, si tous les deux leur ôtent leur dignité? Enfin, heureusement que je ne comprends pas grand chose à la politique. A mon niveau, je voudrais faire appel à ceux qui aiment leurs enfants pour ne pas réaliser leurs règlements de comptes à l’occasion de la réussite aux examens du baccalauréat ou d’entrée en sixième de leurs enfants, par voie de presse. Monsieur Ex, est le père de vos enfants – Madame Ex, est la mère de vos enfants. Le droit de vos enfants est d’avoir des parents même s’ ils sont désunis, ne leur faites pas de peine en mettant ces faire parts idiots et irresponsables: “Mme Untel annonce le succès de son fils et le félicite… ” – pourquoi lui faire sentir un jour de fête qu’il a été délaissé, que son père n’ a rien à voir avec son succès?… Accordez-lui une trêve… ils ou elles ne vous le montreront pas, mais ça ne les empêche pas de souffrir.
Les Droits de l’Enfant n’ont pas besoin d’être étudiés ou prononcés dans les chartes officielles pour qu’ils fassent loi, votre amour, l’amour du prochain sont bien plus vrais que les déclarations et les colloques. L’Humanité a des droits qui l’ont soutenue depuis la loi Hammourabi, que nous réservent les droits préfabriqués de cette dernière décennie de siècle ?