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Emna Dakhlaoui

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La justice et l’opinion

Posted on 16 May 2021 by admin6303

L’heure est grave, et le Chef de l’Etat est garant de la stabilité du pays, de sa tranquillité et de son développement sur tous les plans.  Il est responsable du devenir du pays, comme nous tous, mais à un degré su­périeur; il a besoin de notre solidarité, de notre confiance en  lui, de notre honnêteté intellectuelle.

Le  pays  est  en  péril,  du  moins il l’était. Le Président a su  manœuvrer pour éviter à la Tunisie la pire des ca­lamités: un Etat théocratique,  avec toutes les conséquences de fait et de droit, allant du totalitarisme à l’esclavage des femmes, à la poussée démographique, au règne des émirs- épouvantails et des gueux.

L’heure est grave, et tout juriste qui a écouté la conférence de presse du min­istre de l’Intérieur,  révélant le complot des intégristes,  ne peut s’arrêter aux mots. Une certaine construction de la pensée, acquise à la manipulation du droit, pénal surtout, lui fait penser tout de suite aux articles 69-72-74 et 76 du Code pénal.

Ainsi, l’article 69 dispose: «Il y a complot dès que  la résolution d’agir est concertée et arrêtée entre deux per­sonnes ou plus».

L’article 72 : est puni de mort l’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les habitants  à s’armer  les uns contre les autres ou de porter le désordre,  le meurtre et le pillage sur le territoire tunisien».

L’article 74 :  «Est puni de  mort qui­conque  rassemble et arme des bandes ou  se  met  à la  tête  de  bandes  dans  le but soit de piller… soit enfin d’attaquer la  force  publique  agissant  contre  les auteurs de ces attentats ou de lui faire résistance».

L’article 76 : «Est puni de  mort  quiconque  incendie, ou détruit à l’aide d’un  explosif,  des édifices, des maga­sins de  munitions ou d’autres  propriétés  appartenant à l’Etat».

Et ce ne sont pas les seuls articles. Je sais que  nul  n’est censé  ignorer  la loi mais , si je le rappelle, c’est pour mettre chacun  devant ses responsabilités. Nous sommes libres de nos opinions, et nous devons  les assumer jusqu’au  bout. Je m’explique : les opinions de masse m’incommodent; elles sont comme des tableaux impressionnistes : on saisit le tout, mais pas le détail.

Il faut que chacun de nous sorte indi­viduellement de la masse et de l’ombre et  qu’on  voit  bien  son  pouce:  dirigé vers le bas pour la mise à mort, puisque tel  est   le  châtiment  légal  des traitres à la patrie,  ou dirigé vers  le haut pour qu’on tourne la page (comme toujours, parce que les Tunisiens sont des doux, des tendres, des agneaux), ou qu’il se croise les bras  car  il  ne veut  pas  se mouiller (il ne faut pas cracher sur l’avenir, n’est-ce pas?).

Je suis sûre que M. Ben Ali n’a aucun ressentiment particulier. Il a évité au pays la guerre civile, c’est aux citoyens de défendre leur forme de société. Si le peuple veut la Démocratie, qu’il arrête de chercher des boucs émissaires parmi ses dirigeants. Il doit choisir entre un Etat théocratique sous le règne des mollahs et de la Chariaâ, et une société moderne guidée par l’islam. Il doit réaliser tout seul s’il est en état de légitime défense ou non.

Ce complot implique trois cents personnes; si les éléments des infractions sont vraiment réunis, les juges devront appliquer la loi. Les peines sont très graves: remplir les prisons à perpétuité ou envoyer des êtres humains à la potence n’est pas simple. C’est pour cela qu’il faut être prudent: seules les lois devront trancher, car nous sommes un Etat de droit.

Quand la justice rendra son verdict, de l’acquittement à la peine de mort, elle n’aura fait que défendre la société sur laquelle elle veille.

Que toutes les ligues des droits de l’homme, qu’Amnesty International, que la presse étrangère s’en mêlent, cela ne doit pas nous déranger. Tant que la loi est respectée, tant que la procédure est rigoureusement suivie, la Justice reste souveraine. Dieu merci, il n’y a plus de président de tribunal fantoche, ni de procès préfabriqués. Je n’ai pas l’ombre d’un doute que tout se passera dans la légalité.

Maître Mourou est placé dans le collimateur d’un journal de la place. J’ignore s’il est impliqué dans le désir de déstabilisation du pays; j’ignore tout de ses activités. Il est juste pour moi un confrère dont j’apprécie la courtoisie, le savoir-vivre et l’intelligence. Cependant, je tiens à dire qu’avant de jeter quelqu’un en pâture au public, avant de commanditer un lynchage médiatique, on doit s’assurer qu’on est en droit de le faire. C’est la Justice qui décide de la culpabilité.

Et on ne doit pas oublier que nous sommes tous présumés innocents jusqu’à preuve du contraire.

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Emna Dakhlaoui

Emna Dakhlaoui est ancienne magistrate et avocate près la Cour de cassation de Tunis. Pendant plusieurs années, elle a contribué en tant que journaliste au sein du journal Réalités. Ce site regroupe une grande partie de ses articles et tribunes.

 

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