Le 13 août prochain, les femmes tunisiennes fêteront le trente cinquième anniversaire de leur reconnaissance de citoyenne à part entière par le pouvoir et par leurs concitoyens mâles.
Ce jour a été retenu, au temps qui court, peut-être consciemment pour marquer d’une part une pause pour elles-mêmes, à fin qu’elles puissent faire une introspection, une retrospection, une évaluation de leur vie passée et à venir, et d’autre part, pour qu’on rende hommage, qu’on exprime une reconnaissance, une gratitude à celles qui n’arrêtent pas de consacrer leur esprit, leur temps, leur argent, leur patience, leur repos; leur avenir, aux autres, les leurs, du plus petit au plus grand, du plus faible au plus fort. Elles donnent beaucoup d’elles-mêmes, spontanément, sans savoir si elles seront payées de retour, sans être sûres d’avoir en échange l’affection et la compréhension dont elles ont tant besoin
Responsabilisées au-delà de leurs limites, elles luttent et peinent sans merci pour mériter leur statut dans la société, statut unique dans le monde arabe. Elles s’accrochent de toutes leurs forces, sur le marché du travail car elles sont conscientes qu’il est le garant de leur liberté.
Elles sont partout. magistrats. avocates. greffières. médecins, pharmaciennes, ingénieures. sage -femmes, ouvrières. vétérinaires. aviatrices, aide-ménagères. chefs-d’entreprises, enseignantes. fonctionnaires. banquières. comptables, commer çantes.. . La liste n’est pas exhaustive, ni limitative…
Ces femmes depuis trente-cinq ans s’imposent dans leurs foyers, veillent à l’éducation de leurs enfants, soutiennent leurs parents, ou leurs fratries, parfois même de grands-parents, participent à la réalisation de la fortune du couple, à l’édification d’un toit pour les enfants, etc.. . Elles forment la moi tié du peuple Tunisien et l’économie leur doit beaucoup.
Or, que se passe+il depuis quelques années dans notre pays ?
On a vu apparaître des mystagogues. vous savez ces prêtres qui initiaient aux mystères de la religion. chez les Grecs, ils se sont mis en tête de livrer bataille aux filles d’Hannibal. Oui sait pourquoi ils ont mis des robes blanches, couleur de la virginité, impression d’émasculation, uniforme macabre aussi peu façonné qu’un linceul. Peut-être ont-ils besoin de montrer patte blanche!
Mais pourquoi donc ? Mais parce qu’ils s’embarquent sur le train de la démocratie qu’a affrété pour eux le pacte du 7 novembre 1987 et qui est destiné aux gens civilisés du XXIème siècle.
Pourtant chassez le naturel, il revient au galop. Très vite leur misogynie perça de dessous leur barbe et jaillissant de leurs yeux d’illuninés et de leur teint jaunâtre. HARO ! Sur les libertés et les droits de la femme.
Leur misogynie se dédouble d’une phallocratie c’est-à-dire d’une oppression abusive de la femme par l’homme à laquelle ils donnent un caractère sacro-saint qu’ils prétendent détenir du Coran.
Mais leur misogynie semble s’arrêter avant l’assouvissement sexuel, et réapparaitre juste après.
- Schyzophrenie, déjà.
- Schyzophrénie ensuite, puisque les prétendus démocrates veulent éliminer du champ de la vie active, la moitié de la population, c-à-d les femmes, dont leur viennent d’après eux, tous les maux : chômage, débauche, corruption, desquelles émanent, selon eux toujours , une odeur qui attire les mâles (animaux quoi!!).
Phallocratie, misogynie et démocratie ne peuvent jamais aller ensemble. Certaines femmes croient les mystagogues, c’est regrettable pour elles, mais s’il leur plaît d’être battues !! Le monde ne manque pas de masochistes.
Ces mêmes femmes tunisiennes pourraient-elles s’adapter à vivre dans les pays du Golfe au même titre que leurs sœurs arabes ? Qu’on me permette d’en douter, car nos femmes ont appris à décider, à exiger, à devenir indispensables à leur maris et à leurs enfants. Elles ont goûté au fruit de l’effort, du labeur. Elles n’admettraient pas qu’on les excise ou qu’on leur emprunte leurs maris une nuit sur deux ou sur quatre.
A quoi jouent-elles donc ? Sont-elles au moins conscientes que celui qui tue avec l’épée peut mourir par l’épée ?
Que font les autres femmes pour que le 13 août reste éternellement la fête de la femme libre, digne et responsable. Les femmes intellectuelles bougent mais hélas la mobilisation n’est ni générale ni sérieuse de la part des masses.
La chance de la femme tunisienne c’est Bourguiba et Ben Ali, cela est indéniable. Mais il est nécessaire de constituer un bloc commun et sans faille contre les misogynes, les phallocrates, au nom de la démocratie.
Non à la démocratie sans femmes et donc non à l’accession au pouvoir des intégristes religieux.