Skip to content

Emna Dakhlaoui

Qui ne dit mot consent

Menu
  • À propos de
  • Blog
  • Contact
  • Manifesto
  • Page d’exemple
Menu

PHALLOCRATIE, MISOGYNIE ET DÉMOCRATIE

Posted on 20 May 2021 by admin6303

Le 13 août prochain, les femmes tunisiennes fêteront le trente cinquième anniversaire de leur reconnaissance de citoyenne à part en­tière par le pouvoir  et  par  leurs  concitoyens mâles.

Ce jour a été retenu, au temps qui court, peut­-être consciemment pour marquer d’une part une pause pour elles-mêmes, à fin qu’elles puissent faire une introspection, une retrospection, une évaluation   de  leur   vie  passée   et   à   venir, et d’autre part, pour qu’on rende hommage, qu’on exprime une reconnaissance, une gratitude à celles qui n’arrêtent pas de consacrer leur esprit, leur temps, leur argent, leur patience, leur repos; leur avenir, aux autres, les leurs, du plus petit au plus grand, du plus faible au plus fort. Elles don­nent beaucoup d’elles-mêmes, spontanément, sans savoir si elles seront payées de retour, sans être sûres d’avoir en échange l’affection et la compréhension dont elles ont tant besoin

Responsabilisées au-delà de leurs limites, elles luttent et peinent sans merci pour mériter leur statut dans la société, statut unique dans le monde arabe. Elles s’accrochent de toutes leurs forces, sur le mar­ché du travail car elles sont conscientes qu’il est le garant de leur liberté.

Elles  sont partout.  magistrats.  avocates.  gref­fières. médecins, pharmaciennes, ingénieures. sage -femmes, ouvrières. vétérinaires. aviatrices, aide-ménagères. chefs-d’entreprises, enseignantes. fonctionnaires. banquières. comptables, commer ­çantes.. . La liste n’est pas exhaustive, ni limitative…

Ces femmes depuis trente-cinq ans s’imposent dans leurs foyers, veillent à l’éducation de leurs enfants, soutiennent leurs parents, ou leurs  fratries, parfois même de grands-parents, participent à la réalisation  de  la  fortune  du  couple,  à  l’édification d’un toit pour les enfants, etc.. . Elles forment la moi ­tié du peuple Tunisien et l’économie leur doit beau­coup.

Or, que se passe+il depuis quelques années dans notre pays ?

On a vu apparaître des mystagogues. vous savez ces prêtres qui initiaient aux mystères de la religion. chez les Grecs, ils se sont mis en tête de li­vrer bataille aux filles d’Hannibal. Oui sait pourquoi ils ont mis des robes blanches, couleur de la virgini­té, impression  d’émasculation, uniforme macabre aussi peu façonné qu’un linceul. Peut-être ont-ils be­soin de montrer patte blanche!

Mais pourquoi donc ? Mais parce qu’ils s’embar­quent sur le train de la démocratie qu’a affrété pour eux le pacte du 7 novembre 1987 et qui est destiné aux gens civilisés du XXIème siècle.

Pourtant chassez le naturel, il revient au galop. Très vite leur misogynie perça de dessous leur  barbe et jaillissant de leurs yeux d’illuninés et de leur teint jaunâtre. HARO ! Sur les libertés  et les droits de la femme.

Leur misogynie se dédouble d’une phallocratie c’est-à-dire d’une oppression abusive de la femme par l’homme à laquelle ils donnent un caractère sacro-saint qu’ils prétendent détenir du Coran.

Mais leur misogynie semble s’arrêter avant l’as­souvissement  sexuel, et réapparaitre  juste  après.

  • Schyzophrenie, déjà.
  • Schyzophrénie ensuite, puisque les prétendus démocrates veulent éliminer du champ de la vie acti­ve, la moitié de la population, c-à-d  les  femmes, dont leur viennent d’après eux, tous les maux : chô­mage, débauche, corruption, desquelles émanent, selon eux toujours , une odeur qui attire les mâles (animaux quoi!!).

Phallocratie, misogynie et démocratie  ne peuvent jamais aller ensemble. Certaines femmes croient les mystagogues, c’est regrettable pour elles, mais s’il leur plaît d’être battues !! Le monde ne manque pas de masochistes.

Ces mêmes femmes tunisiennes pourraient-elles s’adapter à vivre dans les pays du Golfe au même titre que leurs sœurs arabes ? Qu’on me permette d’en douter, car nos femmes ont appris à décider, à exiger, à devenir indispensables à leur maris et à leurs enfants. Elles  ont goûté  au  fruit de l’effort, du labeur. Elles n’admettraient pas qu’on les excise ou qu’on leur emprunte leurs maris une nuit sur deux  ou sur quatre.

A quoi jouent-elles donc ? Sont-elles au moins conscientes que celui qui tue avec l’épée peut mou­rir par l’épée ?

Que font les autres femmes pour que le 13 août reste éternellement la fête de la femme libre, digne et responsable. Les femmes intellectuelles bougent mais hélas la mobilisation n’est ni générale ni sé­rieuse de la part des masses.

La chance de la femme tunisienne c’est Bourguiba et Ben Ali, cela est indéniable. Mais il est nécessaire de constituer un bloc commun et sans faille contre les misogynes, les phallocrates, au nom de la démocratie.

Non à la démocratie sans femmes et donc non à l’accession au pouvoir des intégristes religieux.

Leave a Reply Cancel reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Emna Dakhlaoui

Emna Dakhlaoui est ancienne magistrate et avocate près la Cour de cassation de Tunis. Pendant plusieurs années, elle a contribué en tant que journaliste au sein du journal Réalités. Ce site regroupe une grande partie de ses articles et tribunes.

 

©2025 Emna Dakhlaoui | Built using WordPress and Responsive Blogily theme by Superb